Réduire l'empreinte écologique et l’impact climatique en entreprise
La fabrication de tout produit a un impact sur l’environnement, quelle que soit la méthode choisie de conception, du fait des émissions induites de gaz à effet de serre. La protection de l’environnement passe donc par la réduction de l'empreinte écologique de son entreprise. Bilan carbone, bilan énergétique sont donc nécessaires afin que chacun puisse à titre individuel ou collectif effectuer une transition énergétique. En effet, le changement climatique implique un engagement de tous : particuliers, entreprises privées ou publiques. Cependant, cet engagement se heurte à des impératifs, notamment économiques. Dans ces conditions, comment limiter le réchauffement climatique ? Comment concilier une prise de conscience de son empreinte environnementale et la logique financière ?
Pour les entreprises, cette mobilisation environnementale est à la fois source de contraintes mais ouvre aussi des champs d’opportunités. Une contribution positive au développement durable coïncide, de nos jours, avec les intérêts des entreprises. Elle permet :
- de répondre aux attentes des consommateurs ou clients mais aussi des partenaires ;
- d’améliorer ses processus de conception de produits ou de services afin de réaliser des économies et de limiter le gaspillage des ressources naturelles ;
- de se conformer aux lois et normes actuelles et futures ;
- de communiquer sur ses actions afin d’en faire une stratégie marketing sincère, loin du « social washing » de naguère.
Il n’est alors plus question de vernis social, mais de prendre soin de son business ecosystem, c’est-à-dire de l’ensemble de ses acteurs (fournisseurs, salariés, clients), dans une politique de gagnant-gagnant.
Comment calculer l'empreinte carbone des entreprises pour se fixer des objectifs réalistes ?
Deux éléments sont à distinguer selon les entreprises. D’une part, il y a l’obligation prévue par la directive européenne et fixée par loi du 16 juillet 2013 de réaliser un audit énergétique. Par ailleurs, il y a celle de définir son empreinte carbone (loi de 2010 du Grenelle II de l’environnement). Cet impératif a cependant été aménagé par la loi sur la Transition Énergétique pour la Croissance Verte du 17 août 2015 qui modifie notamment sa périodicité. En quoi consistent ces deux obligations ? Quels éléments sont évalués et quelles sont les entreprises concernées ?
Distinguer audit énergétique et bilan carbone
L’audit énergétique consiste à évaluer toutes les dépenses énergétiques d’une entreprise. Lors du rapport, des conseils pour réduire la consommation sont formulés quel que soit les postes : transport, éclairage, production. Cet audit concerne les entreprises de plus de 250 salariés ou ayant un chiffre d’affaires de plus de 50 millions d’euros ou dont le total du bilan dépasse 43 millions.
Le bilan carbone est, quant à lui, une étape incontournable tous les 4 ans pour la lutte contre la pollution en entreprise. Il s’agit d’estimer les émissions de gaz à effet de serre directes et indirectes d’un établissement ou d’un produit. C’est un outil, géré par l’Association Bilan Carbone, pour définir une stratégie afin de diminuer sa consommation d’énergie. Pour évaluer le bilan carbone d’une structure, c’est-à-dire mesurer ses émissions de CO2 ou CO2e, la première démarche consiste à rassembler différentes données. Ce bilan est plus ou moins complet selon la définition retenue du périmètre organisationnel ; à savoir : quelles installations retenir pour sa collecte ? La structure a le choix de réaliser le bilan sur les installations qui lui appartiennent ou à la hauteur de ses parts de capital. A moins qu’elle ne fasse le choix de prendre en compte celles sur lesquelles elle exerce un contrôle financier ou opérationnel.
Une fois ce choix fait, il faudra définir le périmètre opérationnel, c’est-à-dire les sources d’émission à étudier :
- Le périmètre 1 concerne la totalité des émissions de GES directes provenant des installations de l’entreprise localisées dans le périmètre organisationnel : il peut s’agir de toutes les pollutions produites, notamment de pollution industrielle.
- Le périmètre 2 estime le total des émissions indirectes liées à la consommation d’électricité (chauffage, éclairage, appareils…) ou à l’utilisation d'énergies (pétrole, gaz, charbon…) pour que l’entreprise puisse accomplir ses activités.
- Le périmètre 3 concerne toutes les autres émissions indirectes : la consommation des véhicules professionnels, les déplacements domicile-travail des collaborateurs, les déchets, les autres consommables(consommation moyenne d’eau, papier…).
La sélection des périmètres organisationnels et opérationnels varie selon l’objectif (obligation légale, engagement environnemental…) et les moyens de l’entreprise pour effectuer le bilan et pour mettre en œuvre les préconisations. Les structures concernées sont les entreprises de plus de 500 salariés en métropole mais également les établissements publics et collectivités territoriales.
D’autres repères pour les entreprises
Pour prétendre à la réalisation de l’objectif d’un réchauffement climatique réduit à 2°C voire à 1,75°C selon les dernières préconisations des scientifiques, plusieurs associations se mobilisent pour donner des solutions concrètes. Par exemple, l’initiative Science Based Targets (SBTi) a édité un guide pratique pour diffuser une méthodologie sectorielle s’inspirant des bonnes pratiques d’entreprises novatrices. D'autres initiatives telles que French Business Climate Pledge ou Global Alliance for Energy Productivity sont également forces de propositions.
Cependant, pour un audit RSE réussi, il faut aussi mettre en place une analyse du cycle de vie des produits conçus par l’établissement. Cela permet d’évaluer leur impact environnemental dans une démarche de conception durable. Là encore, le procédé d’étude doit suivre des normes telles les ISO 14040 et 14044. Cette démarche vise à inciter fabricants ou entreprises mais aussi consommateurs ou usagers à identifier quels produits sont les plus éco-responsables.
Une fois, ces différentes études faites, il ne reste plus qu’à passer à l’action comme le Manifeste pour le Climat y incite.
Quelles actions pour réduire l'empreinte carbone de son entreprise ?
Un plan d’action basé sur l’économie circulaire doit être élaboré à différentes échelles :
- celle de l’entreprise et de ses partenaires ;
- celle des salariés ;
- celle des clients.
À l’échelle de l’entreprise
En ce qui concerne la structure, elle doit veiller à un approvisionnement durable en ressources. En effet, il y a un grand enjeu à réduire les émissions de CO2 en entreprise. La dépense énergétique est à réduire pour ce qui est des matières minérales extraites (charbon, carrières) mais aussi des exploitations forestières. Elle doit adopter une stratégie d’efficacité énergétique pour limiter les déperditions et le gaspillage. La réduction de la consommation d’énergie concerne l’efficience énergétique des centres de données. Par exemple, avec l’utilisation de matériaux de construction recyclés et le choix de fournisseurs d’électricité privilégiant l’énergie renouvelable.
Parallèlement, il faut tendre à l’écoconception de ses produits, qu’il s’agisse de biens ou de services. L’entreprise doit prendre en compte leur durée de vie depuis la fabrication, en passant par l’achat et l’utilisation, jusqu'à la gestion des déchets. La vigilance doit porter également sur la durée de vie des équipements servant à les concevoir. De même, une réflexion doit être menée sur l’agencement des locaux et la configuration des postes de travail; pour diminuer l’utilisation du chauffage et de la climatisation.
Quand le bien-être salarial aide au développement durable
Pour lutter contre le réchauffement climatique, les solutions peuvent se trouver aussi dans une réflexion sur la mobilité des collaborateurs. Éviter les déplacements, favoriser le télétravail est utile socialement. En effet, cela participe au bien-être au travail de ses salariés, en diminuant leur stress, tout en étant bénéfique en matière de productivité et de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Ce mode de travail impacte positivement à la fois le transport mais aussi l’utilisation des bâtiments, puisque qu’il implique une diminution de dépense énergétique (chauffage, climatisation, entretien…). La réforme du Code du travail par ordonnances facilite la mise en place de cette solution.
Dans cette stratégie RSE de réduction de l’empreinte carbone, accompagner ses salariés, les encourager à réaliser des actions simples, à adopter les bons gestes, est important. Plusieurs pistes peuvent leur être proposées afin qu’ils s’approprient celles qui leur correspondent et développer leur responsabilité individuelle :
- inciter à une mobilité durable avec, par exemple, la mise à disposition de vélos, la promotion du covoiturage ou des transports en commun. Ce, conformément au plan de mobilité qui constitue une obligation légale depuis janvier 2018 ;
- encourager les économies de papier et d’encre : mode éco de l’imprimante, utilisation du vidéoprojecteur plutôt que de l’impression. Il est également possible d’économiser de l’électricité grâce à l’extinction des postes de travail le soir et le week-end ;
- faciliter le tri et la réduction des déchets par la mise en place de poubelles adaptées, de collectes ou en préconisant l’emploi de contenants sans plastique jetable pour en finir avec gobelets, pailles et touillettes.
Le client, un acteur éco-responsable
Enfin, dans le cadre de la lutte contre la pollution de l’entreprise, le consommateur a un rôle important par ses choix possibles d’achats responsables. Il peut y être aidé également par l’offre de services après-vente de réparation ou de réutilisation pour allonger la durée de vie des produits.
Si, malgré tous ses efforts, l’entreprise ne parvient pas à réduire l’ensemble de ses émissions GES, alors, elle peut opter pour une démarche de compensation carbone. En quoi consiste cette possibilité ? À mettre en œuvre des projets concernant les forêts, les énergies renouvelables et l’utilisation rationnelle de l’énergie. Ils intègrent souvent une composante humanitaire pour améliorer la vie des populations les plus vulnérables, grâce à la restauration de leur environnement leur procurant leur subsistance.
La transition numérique, atout ou menace pour la transition écologique des entreprises ?
L’aventure numérique peut être une formidable occasion de réduire l’empreinte carbone en entreprise. En effet, elle offre la possibilité de développer des initiatives positives pour l’environnement.
Les deux facettes de l’outil numérique
Le télétravail en est une expression mais le numérique est aussi un outil efficace de programmation pour contrôler la consommation des structures ou un indicateur d’efficacité énergétique. Collaboratif, il favorise l’échange d’idées et l’élaboration de solutions pour la transition énergétique. Cependant, la pollution numérique n’est pas anecdotique et peut représenter une vraie menace. Dès leur fabrication, les appareils numériques sont très polluants puisqu'ils nécessitent l’extraction de métaux rares. Lors de leur utilisation, ils sont énergivores notamment pour leur refroidissement, mais aussi polluants du fait de l’utilisation conséquentes de consommables (cartouches, cartes mémoires, consommation de papier…). Par ailleurs, l’impact de leur fin de vie est conséquent puisque seulement 1/5ème de leurs composants sont recyclés.
Des pistes pour un monde numérique responsable
Face à cette problématique majeure, plusieurs pistes sont explorées pour diminuer l’impact environnemental des téléphones, ordinateurs, imprimantes, tablettes, smartphones et autres engins. Première action facile à mettre en place pour les imprimantes : réduire le papier grâce au recyclage ou à la réutilisation.
Mais, les efforts ne concernent pas que les utilisateurs. Les professionnels prennent également leurs responsabilités, comme le prouve la démarche d’éco-conception logicielle. Celle-ci vise à identifier et à traiter les causes majeures d’impact environnemental au cours du cycle de vie d’un logiciel. Or, contrairement aux idées reçues, plus que sur la phase de développement, c’est sur la conception fonctionnelle et technique du logiciel que l’intervention est décisive. En effet, c’est celle-ci qui permet de réduire la consommation énergétique en entreprise nécessaire au fonctionnement du logiciel.
L’ensemble de ces démarches correspondent au Green IT qui a pour objectif de réduire l’empreinte des nouvelles technologies sur l’environnement mais aussi dans le domaine social. Plus largement encore, plusieurs acteurs proposent d’explorer la voie d’une informatique “ecologic by design”, qui met la technologie au service de l’écologie par rapport à la globalité des activités d’une entreprise. Après la consultation de directeurs des systèmes d’information de grandes entreprises, il ressort que quatre leviers permettraient une révolution en matière de transition écologique avec l’aide de la technologie :
- la dématérialisation radicale des espaces, des produits ;
- le partage de l’usage des lieux et des biens ;
- l’organisation de la SLOW consommation ;
- la gestion de vie des produits et la réduction des déchets.
Ces initiatives prouvent que, si des progrès restent à faire, écologie et numérique ne sont pas incompatibles et même que ce dernier devient l’outil incontournable pour une transition écologique réussie.
L'efficience énergétique, un avantage concurrentiel pour les entreprises ?
Pour conclure, les entreprises n’ont plus à douter de la nécessité mais aussi de l’intérêt économique d’investir dans une stratégie RSE. Placer le développement durable et le bien-être des salariés au cœur de son organisation la rend plus rentable du fait d’économies sur des postes énergétiques de plus en plus coûteux. Cette démarche est aussi plus attractive tant pour les salariés, qui gagnent en créativité et productivité, que pour les investisseurs, parties prenantes et clients.
Cette politique RSE passe par différentes étapes :
- des constats : audit énergétique, bilan carbone, analyse du cycle de vie des produits ;
- une intégration de l’économie circulaire en amont et en aval de la conception des produits ou des services. Ce plan d’action visera à conjuguer responsabilité énergétique et bien-être des salariés quant à leur mobilité, la réduction de leur stress, leur estime de soi ;
- l’exploitation des multiples ressources de l’outil numérique dans la réduction de l’impact environnemental de l’entreprise, complétée par une démarche responsable de traitements des déchets.