La Responsabilité Sociétale des Entreprises, encore appelée RSE, est un concept qui a vu le jour il y a maintenant quelques décennies et impacte l’ensemble du Business Ecosystem de l’entreprise. La responsabilité sociale des entreprises s'entend comme la prise en considération par les entreprises des préoccupations liées au développement durable dans leur secteur d'activité. Plus concrètement, il s'agit pour une entreprise de l'intégration dans ses activités et dans sa politique de management des préoccupations sociales et environnementales.
En outre, pour disposer d'une politique RSE efficace, une entreprise doit interagir avec les différentes parties prenantes, pour que soient intégrées dans leurs relations ces préoccupations. Parlant des parties prenantes, il s'agit d'une part des collaborateurs de l'entreprise et de ses chargés de management, et d'autre part de ses partenaires et prestataires, ses clients ou consommateurs, et ses utilisateurs.
Le concept de démarche RSE est devenu une préoccupation depuis que les associations écologiques et humanitaires ont commencé à tirer la sonnette d'alarme sur cette opportunité et nécessité. Les entreprises ont tout intérêt à mieux prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux dans leurs activités. En ce sens, différentes mesures peuvent être mises en place par les entreprises, afin d'améliorer le bien-être de leurs salariés, mais aussi la qualité de l'ensemble des filières d'approvisionnement et de sous-traitance.
Toutefois, on ne peut dire de manière tranchée qu'une entreprise est globalement responsable, mais on peut dire si elle est durable ou non, sachant que les bonnes pratiques ne font pas forcément partie d'une stratégie. De plus, l'Accord de Paris et les ODD ont ouvert le concept de durabilité des modèles, de sorte qu'un business model durable est évalué à la lueur de sa contribution aux ODD.
Les impacts d'une démarche RSE sur le business model d'une entreprise
Ils sont à apprécier de différentes manières, en tenant compte de trois aspects considérés comme étant les piliers RSE. Il s'agit du « triple bottom line » encore appelé vision « people, planet, profit » ou triple performance, triple résultat, triple bilan, selon la version française de la notion. Il s'agit d'une réplication du concept de développement durable dans l'univers de l'entreprise. Le triple bottom s'apparente à la responsabilité sociale et met en exergue les enjeux RSE de l'entreprise, lesquels sont évalués selon trois critères RSE que sont :
- Le critère social (people) : il est ici question des conséquences sociales des activités de l'entreprise sur le bien-être des salariés et sur toutes les parties prenantes.
- Le critère environnemental (planet) : il est relatif au fait que l'activité de l'entreprise doit veiller à la protection de la nature. Il s'apparente à une compatibilité entre le business ecosystem de l'entreprise et les écosystèmes de la planète.
- Le critère économique (profit) : il met en évidence la notion de triple P et fait référence aux comptes des résultats comptables, dont la dernière ligne droite exprime le résultat net (Bottom Line). Le critère économique lié au profit tient compte des règles éthiques basiques en écosystème entrepreneurial. Il prend en compte la saine concurrence, l'aide au développement local et la lutte contre la corruption. Ici, les entreprises sont amenées à respecter le capital naturel et humain, et à ne pas se préoccuper uniquement de leurs performances financières. Évidemment, leur activité demeurera une source de profit, mais doit aussi veiller à la limitation des dommages causés à l'environnement.
Il sied de mettre aussi l'accent sur l'aspect réglementation et législation de la RSE. En la matière, c'est la loi relative aux nouvelles régulations économiques de 2001 dite loi RNE qui sert de point de repère. Elle impose un code de conduite d'entreprise, qui exige aux entreprises, notamment celles cotées en bourse, la publication de leur rapport de gestion. Ce rapport doit inclure des informations liées à la façon dont elles prennent en compte les implications sociales et environnementales de leur activité, pour que la RSE soit une réelle opportunité économique vers la transition énergétique. La loi Grenelle 2 de 2010 a davantage renforcé les recommandations RSE et a élargi le profil des entreprises concernées. Ainsi, ces dernières pourront optimiser leur engagement RSE.
L'intégration de la RSE à la finalité sociétale constitue une approche de mise en pratique du développement durable à l'échelle de l'entreprise. Elle participe à la durabilité de l’innovation des entreprises. Pour les entreprises en écosystème industriel, elle constitue un moyen de développer une bonne conduite sur le plan de l’écologie industrielle, et de profiter inclusivement d'une accélération industrielle saine. Ses activités pourront prospérer dans le respect du principe du triple P. Leurs salariés se porteront bien dans l'exercice de leur mission, autant qu'ils veilleront à la protection de l'environnement à travers une consommation responsable. Bien évidemment, par la même occasion, l'entreprise pourra atteindre sereinement ses objectifs économiques, tout en s'inscrivant dans une politique d'innovation durable.
Intégrer sa politique RSE en interne en entreprise
Une politique RSE efficace doit intégrer les parties prenantes, dont celles faisant partie de l'organisation interne de l'entreprise. C'est pourquoi dans certaines grandes entreprises, il existe dans la grande majorité des cas un service ou un département dédié à la RSE ou une direction du développement durable. Ce démembrement RSE est dirigé par un responsable RSE, et peut être combiné avec le département de la communication, du marketing, des ressources humaines ou des relations extérieures.
Pour les entreprises disposant de filiales dans d'autres pays du monde, elles peuvent mettre en place un projet intra-entrepreneurial en créant un maillage de correspondants RSE dans leurs filiales, antennes ou usines dans le monde. Cette stratégie permet de relayer les messages et optimiser les actions sur le terrain. Toutefois, il faut noter que la RSE ne relève pas seulement du ressort d'une personne ou d'un département. L'entreprise peut occasionnellement organiser des séminaires de formation RSE afin de prodiguer des conseils RSE, pour que le projet soit porté par chaque département en son sein et chaque salarié, dans le respect des utilisateurs. Les audits RSE sont aussi une solution envisageable.
Intégrer sa politique RSE en interne en entreprise suppose aussi la connaissance et le respect des normes RSE. Il s'agit de certifications, normes et labels pour se démarquer. Les entreprises qui s'engagent dans une démarche de conseil RSE s'engagent aussi à faire preuve de transparence vis-à-vis de leurs parties prenantes, et à les associer à leur politique de création de valeur. Cette démarche fait sens, étant donné que leur prospérité et leur pérennité dépendent de ces parties prenantes. Afin de bien identifier ces dernières et d'engager un dialogue inclusif, les entreprises peuvent se référer à la norme internationale ISO 26000 sur la responsabilité sociale des entreprises, publiée le 1er novembre 2010.
La norme ISO 26000 a pour objectif de définir la RSE à l'échelle internationale, pour la rendre adaptable à tout type d'organisation, que ce soit une entreprise, une collectivité locale ou une ONG. Cette norme internationale tient compte de sept domaines que sont :
- la gouvernance de l'organisation (transparence, obligation de rendre compte, dialogue avec les parties prenantes) ;
- les droits de l'Homme ;
- les conditions et relations au sein de l’écosystème de travail ;
- le droit et l'éthique des affaires ;
- l'environnement ;
- les questions liées aux consommateurs ;
- l'engagement sociétal.
Il convient tout de même de préciser que l'application de la norme ISO 26000 est totalement volontaire. De même, cette norme n'est pas soumise à une certification.
Par ailleurs, il est pertinent pour ces entreprises de disposer de la certification RSE 26001. Il ne s’agit pas d’une norme, mais plutôt un répertoire de systèmes de management, destiné aux organisations désireuses de mettre en place un cadre efficace pour le management de leur responsabilité sociétale. Il est donc question d'un système de management intégré de la RSE. Etant un référentiel d'exigences minimales, le RSE 26001 peut faire l'objet d'une certification, par une partie agréée indépendante, après un audit RSE de certification. Non moins importantes, les certifications SA 8000 et EMAS sont aussi utiles pour l'entreprise.
Impliquer les parties prenantes dans sa stratégie RSE
L'implication des parties prenantes est un facteur de réussite de la RSE d'une entreprise. Pour cela, l'entreprise doit pouvoir bien choisir ses partenaires et prestataires et optimiser ses rapports avec ces derniers.
Les parties prenantes de l'entreprise sont les acteurs qui ont un intérêt dans les activités de celle-ci. Ce sont des porteurs d'intérêts qui participent à la vie économique de l'entreprise (salariés, clients, fournisseurs, actionnaires), observent et dans certains cas influencent son comportement interne ou externe (syndicat, ONG). Ils peuvent être directement ou indirectement affectés par ses activités, positivement ou négativement. Les parties prenantes sont par ailleurs définies par plusieurs théories.
La théorie des parties prenantes, « stakeholder theory » en anglais, met en place une approche participative et collaborative pour concevoir la stratégie. Au lieu d'envisager la stratégie uniquement sous l'angle de la lutte contre la concurrence, la théorie des parties prenantes prône également l'intégration de l'ensemble des partenaires à la démarche envisagée. Elle met au premier plan la nécessité de prendre en compte les intérêts spécifiques de l'ensemble des acteurs liés directement ou indirectement à l'entreprise, et inclusivement au processus de création de valeur. La stakeholder theory repose sur une négociation constructive et objective, où il est montré à chaque partie son intérêt évident de coopérer. C'est donc une approche participative, un modèle de gouvernance négocié.
De même est-il opportun d'évoquer ici l'intérêt pour les entreprises d'encourager la notion d'achat responsable ou durable, et d'insérer dans leurs contrats une clause d'achat durable. La clause d'achat durable RSE tend de plus en plus à se généraliser entre acheteurs et fournisseurs. Elle permettrait aux entreprises de répondre efficacement aux risques juridiques et réglementaires, de bénéficier de ses impacts positifs sur leurs pratiques, en plus de bien d'autres avantages tels qu'une amélioration de la performance des fournisseurs.
L'implication des parties prenantes dans sa stratégie RSE, pour être efficace, doit obéir à une politique de communication RSE. La communication RSE, encore appelée communication responsable, communication durable ou éco-communication est une stratégie de communication prenant en compte les aspects sociétaux et environnementaux pour toute forme de communication des entreprises et organisations. Elle a pour objectif de mettre en valeur les engagements des entreprises qui l'adoptent, en matière sociale et environnementale, et de rendre les destinataires (consommateurs, personnes lambda) de cette communication plus responsables.
Toute aussi importante pour une implication efficace des parties prenantes, la charte RSE met en exergue cinq engagements et pratiques auxquels doit souscrire une entreprise RSE adhérente. Il s'agit de :
- l'établissement d'un code de communication durable,
- l'incitation des destinataires à un comportement responsable ;
- le respect de la vie privée des collaborateurs et destinataires ;
- le processus de validation des messages avant diffusion ;
- les impacts sociétaux et environnementaux des supports de communication.
La communication RSE a l'avantage de mettre en valeur et de faire durer dans le temps les actions menées par les entreprises dans le contexte de leur stratégie RSE. Le reporting RSE permet en outre aux entreprises d'optimiser leur réputation RSE, et leur image de marque.
La culture d'entreprise au cœur de la stratégie RSE
L'intégration d'une démarche RSE entreprise dans son business ecosystem est aujourd'hui stratégique. Elle lui permet en effet de répondre efficacement à des enjeux sociaux, environnementaux et économiques à la fois. Dans un premier temps, la stratégie RSE lui permet de veiller au bien-être de ses salariés; dans un second elle l'aide à contribuer à la protection de l'environnement. Enfin, elle lui permet de réaliser des bénéfices financiers. La « corporate social responsibility » incite les entreprises à agir de façon éthique. De même, la RSE implique toutes les parties prenantes, internes ou externes, directement ou indirectement liées à l'entreprise autour d'un objectif commun, pour peu que chaque partie y trouve son intérêt.
Au regard de son importance, des différents acteurs qu'elle implique et des domaines qu'elle impacte, il va de soi que l'exécution d'une politique ou d'une stratégie RSE modifie la culture de l'entreprise. Au-delà des diverses interprétations, des analyses, des considérations conceptuelles et normatives, il convient de dire que la théorie des parties prenantes est indispensable pour le succès d'une politique RSE. Pour aller plus loin, on peut dire qu'elle fait partie des meilleures solutions, si ce n'est la meilleure, pour une intégration réussie de la RSE dans la culture de l'entreprise.
Ainsi, la corporate social responsibility doit être perçue bien au-delà d'une simple opportunité de changement culturel au sein de l'entreprise. Elle doit être appréhendée comme un levier de transformation de la réalité des entreprises et, dans une certaine mesure, des marchés financiers.